La conquête de l'Algérie (1830 - 1871)

La population de l'Algérie est partagée en deux catégories essentiellement distinctes: Les Nomades et les sédentaires. Ces derniers sont principalement fixés dans cet immense territoire appelé Kabylie, situé partie dans la province d'Alger (Grande Kabylie) et partie dans la province de Constantine (Petite Kabylie).

Ce pays est montagneux et d'accès difficile. Presque tous les villages et ils sont nombreux, sont perchés sur les hauteurs où l'on n'arrive que par d'étroits sentiers. Ces positions étaient commandées par la nécessité, car avant la conquête, il fallait être toujours sur le qui vive! Non seulement les tribus étaient ennemies les unes des autres, les villages voisins eux-mêmes se faisaient souvent la guerre et quelquefois pour les motifs les plus futiles dont voici un exemple:

"En 1843, un homme de la tribu des Bené-Yala rencontre au marché de Guenzates un autre Kabyle qui lui devait sept centimes (un barra). Il lui réclame sa dette:

A ces mots, le créancier furieux saisit l'autre par son burnous et le renverse à terre. Des voisins prennent part à la lutte. Bientôt deux partis se forment, on court aux armes. Depuis une heure de l'après-midi jusqu'à sept heures du soir, on ne peut séparer les combattants; quarante cinq hommes sont tués et cela pour un sou et demi! La querelle ne fut pas éteinte et dura encore plusieurs années. 

Les Deys étaient impuissants à faire cesser ces rivalités qui ruinaient le pays. De même au Moyen-âge, les rois ne pouvaient rien contre les seigneurs qui ravageaient leurs provinces par leurs guerres intestines. Alors, il ne faut donc pas s'étonner si la population diminuait au lieu de s'accroître. Ces peuples guerriers, fiers et courageux ne reconnaissaient d'autre autorité que celle de leurs Caïds ou de leurs marabouts. Ils se vantaient et cela était vrai, de n'avoir jamais payé d'impôt au gouvernement de la Région. Les Turcs n'osèrent jamais d'aventurer dans leurs montagnes et nous verrons qu'Abd-El-Kader, malgré tout son prestige, ne put rien obtenir de ces orgueilleux et farouches montagnards.

L'occupation française à mis fin à cet état de choses, en donnant à ce riche pays la sécurité qui permet à ses laborieux habitants de se livre à leurs travaux, sans craindre de voir détruire leurs récoltes. Aujourd'hui, les Kabyles n'hésitent pas à quitter leurs familles pour aller, au temps des moissons offrir leurs services jusque dans les localités les plus éloignées. 

Les nomades se réunissent par fraction plus ou moins considérables selon le nombre des familles qui les composent. Ces nomades vivent continuellement sous la tente, choisissant dans la saison convenable, un terrain où ils puissent faire paître leurs troupeaux, qui sont d'ailleurs leurs principales ressources. Ces arabes se décident rarement à tirer profit du terrain et dans ce cas, ils n'en cultivent que juste l'étendue nécessaire à leurs besoins. 

La récolte faite, ils lèvent le camp, chargeant tout ce qu'ils possèdent sur des chameaux, remontant vers le nord, vendent leur surplus ou font des échanges, retournent ensuite vers le sud pour recommencer de nouvelles pérégrinations. 

Si dans la caravane il y a des montures disponibles, ce sont les hommes qui s'en servent, Les femmes, véritables esclaves, sont chargées de tous les travaux, même les plus pénibles, marchant presque toujours à pied, portant sur leur dos leurs plus jeunes enfants ou des charges plus ou moins lourdes qui n'ont pas trouver place sur les chameaux ou mulets.

Un pareil aperçu suffit pour faire ressortir l'utopie de ceux qui dans leur ignorance des choses algériennes parlent d'assimilation.

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