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Etienne Courbin

La biographie d'Etienne Courbin

Chapitre III.
Je deviens un homme...

(Eveline Courbin)

A la mort de mon père, avec l'accord du Syndicat des Eaux, je reprenais à 14 ans, sa place en tant que gardien du barrage. Tous les trois jours, j'allais au Sig rendre des comptes à ce Syndicat et en même temps, je faisais les commissions pour la maison. Je me souviens qu'un jour le boulanger Monsieur Bélier m'interpellait:

- "Etienne, ton père me devait 30 francs..."

Le lendemain je revenais les lui payer.

En septembre c'était l'ouverture de la chasse aux perdreaux. Un jour, j'avais la visite d'un homme qui habitait Sidi Ali Chérif. Il se nommait Habib Bentalha Ben Slim. Il m'invitait à chasser avec lui. La semaine suivante je me rendais à Sidi-Ali Chérif et effectivement je tuais beaucoup de perdreaux. Habib me proposait ensuite d'aller chasser le sanglier avec lui à Frenda. Pour nous rendre à Frenda au mois de Février, on prenait tous les deux le car au Sig jusqu'à Mascara avec à tous deux, 140 francs en poche. A cette époque on mettait 4 heures pour aller du Sig à Mascara. C'était des cars à chaînes. On soupait à Mascara et on couchait au bain maure. Le lendemain matin on prenait à nouveau le car qui nous amenait jusqu'à la plaine du Cinquante. On l'appelait ainsi, parce qu'elle se trouvait à 50 kilomètres de Mascara, ville d'une assez grande importance. On portait avec nous du pain, des dattes, du sucre et du café. On était reçu par les nomades du coin qui habitaient des "rhaïmas" et on couchait sur des nattes à même le sol. Pour souper on chassait des perdreaux. Pour boire, notre ami Bellil, propriétaire des lieux, nous portait de l'eau très pure dans un "pot de chambre" avec un oeil au fond. Il se servait de ce pot comme d'un verre. C'était amusant. Le matin très tôt on partait avec deux rabatteurs et des chiens en haut d'une grande montagne où ils avaient vu des traces de sangliers. En haut d'un "kef" on rencontrait beaucoup de traces. C'était très épais, il y avait des très grands lentisques. Habib choisissait son poste et m'indiquait le mien. On partait se poster, les rabatteurs commençaient leur travail une demi heure plus tard. Deux sangliers se lèvent et l'un passe au poste de Habib. Il tire deux coups de fusil, le sanglier s'en va. Habib nous fait signe de revenir vers lui. Il nous explique:

- "Je ne peux pas chasser avec ce fusil. La détente est trop dure...Etienne, tu ne veux pas me prêter le tien?"

Je changeais donc de fusil et je partais suivre les traces du sanglier; je cherchais des traces de sang. A 1 Kilomètre de nous, la forêt se terminait et donc le sanglier devait être dans le coin. Je trouvais ses traces, quelques gouttes seulement. J'en concluais que le sanglier était à peine blessé. Les chiens aboient. Le sanglier était dans une clairière, les chiens le tenaient "au ferme." Il avait déjà tué un chien. Il était très méchant. Je n'étais pas loin de lui, peut être à 5 ou 6 mètres, et j'attendais une faille pour le tirer car il avait les chiens sur lui. Je le tire en pleine tête. C'était le premier sanglier que je tuais. J'avais 14 ans et demi. Un des rabatteurs partit chercher un bourricot pour charger le sanglier et le ramener à la "rhaîma" où nous avions couché la veille. On y passait à nouveau la nuit et le lendemain matin, on repartait avec le sanglier sur le bourricot pour prendre le car sur la route de Mascara. Il était midi environ quand on chargeait le sanglier sur le toit du car. Arrivés à Mascara, il fallait à nouveau changer de car pour aller au Sig. Mon ami avait les deux fusils sous la djelleba mais personne ne s'en aperçut. Arrivés au Sig, vers 18 heures, ma mère ne voulait pas du sanglier. Alors je le proposais à un ami charcutier, Monsieur Selles, qui me le paya 150 francs.

Au mois de Juillet, j'allais au Sig au Syndicat des Eaux pour leur donner les relevés et je rencontrais dans les bureaux Monsieur Gabriel Martinez qui s'occupait de ce syndicat et qui me proposa:

- "Pourquoi n'utilises tu pas le terrain appartenant au Syndicat des Eaux? Ce terrain est inculte, personne ne s'en occupe."

Monsieur Gabriel Martinez me trouvait jeune et courageux. Il me donna l'autorisation de l'utiliser et me prêta le matériel, les bêtes et l'orge pour le travailler. C'était très gentil de sa part et je le remerciais chaleureusement. Je préparais le terrain et je semais l'orge. Avec les premières pluies, la récolte s'annonçait très bonne. En été, je moissonnais à la main, aidé de quelques ouvriers. Il faisait très chaud et je me souviens que je me jetais à l'eau pour me rafraîchir, quand un serpent d'eau me piqua. L'Arabe qui était avec moi me fit une entaille avec son couteau juste à la morsure et me suça le venin. Ce même jour, en moissonnant une autre parcelle, on rencontrait un autre serpent. L'Arabe qui suça ma plaie auparavant s'écria:

- "Il n'est pas dangereux. Je vais l'attraper."

Il fit un grand rond autour du serpent, prit son tam-tam et commença à jouer. Quand il crut que le serpent était enfin endormi, il envoya la main pour le saisir mais le serpent se jeta sur lui et le mordit une bonne douzaine de fois. Il resta couché au moins trois jours, paralysé au lit par la fièvre.

La récolte terminée, un ami de Julot , Antoine Ivars, vint quelques jours plus tard avec sa batteuse qui marchait au charbon et me fit une très belle meule. J'avais vendu une grande partie de la récolte pour payer les ouvriers et gardé l'orge et la paille pour nourrir ma jument blanche.

Ma mère, depuis le décès de mon père, avait beaucoup changé. Mes soeurs étaient au Sig avec Julot. Caroline venait de perdre son mari, Marius Coulet. Elle habitait la Marre d'Eau, son mari était garde forestier. Pour ne pas rester seule dans la forêt, elle logeait désormais au Sig, chez Julie.

Marie, Julie et Caroline

Louis était parti à Oran. J'avais donc à moi seul la responsabilité de ma mère et de mes petits frères. Je m'occupais de tout, aussi bien du jardinage, des moissons, de la forge, (je me souviens que lorsque mon père était encore vivant, c'était moi qui m'occupais du grand soufflet), que du barrage et des commissions au Sig pour la maison. Je n'avais pas de quoi chômer.

Je devais avoir 16 ans environ, quand je rencontrais Joachin Garcia à Oran où j'allais me ravitailler en poudre et en plomb pour faire mes cartouches. Je revenais au Sig en voiture avec lui. En cours de route, il me demanda:

- "Tu ne voudrais pas emmener mon frère René à la chasse? Il cherche un compagnon pour ne pas y aller seul."

Le jour de l'ouverture, René venait me rejoindre à 4 heures du matin au petit barrage, à pieds. On partait à El-Gada et on chassait toute la journée. La chasse était bonne. L'après midi Joachin venait nous chercher en voiture, juste avant d'arriver à la ferme Bedel. Ils me déposaient au croisement de la route du Sig et du petit barrage. Je leur offrais 4 perdreaux avant de les quitter et continuais mon chemin à pieds. Quand je rentrais, Abdallah, mon ami et homme de confiance me donnait le compte rendu de la journée, du barrage et de la maison.

Un après-midi, j'étais allé pour une fois au cinéma au Sig. Au milieu du film, Abdallah vint me chercher. Il était inquiet. Deux individus que nous ne connaissions pas, étaient venus au barrage faire des relevés. Deux jours plus tard, j'étais convoqué au Syndicat des Eaux:

- "Monsieur Courbin, vos relevé précédents sont faux."

- "Impossible, je les ai vérifiés moi-même, après le passage de ces messieurs au barrage."

Monsieur Collin, directeur de ce Syndicat comprit tout comme moi que ces messieurs cherchaient à me nuire, pour prendre ma place. Il les congédia et s'excusa auprès de moi.

J'allais un jour rendre visite à ma cousine germaine à Perrégaux (c'était une fille de la soeur de ma mère). Elle était très malade. Elle mourut quelques jours plus tard d'une congestion pulmonaire. Son père avait un moulin pour moudre le blé et l'orge. Je m'aperçus qu'il avait des orangers amères. Je m'informais:

- "A quoi servent ces orangers amères puisque les oranges sont immangeables?"

- "C'est pour faire des pépinières."

On greffait ensuite ces orangers amères avec des citronniers, des orangers, des clémentiniers pour avoir une meilleure sélection, ce qui donnait des bigaradiers. En repartant au Sig, l'idée me trottait dans la tête, surtout que j'avais du terrain prêté par le Syndicat des Eaux et beaucoup d'eau.

Je rencontrais Monsieur Soria qui me proposait de me vendre un fusil, un Darne calibre 12. Je le trouvais très beau mais j'avais déjà celui que mon père m'avait acheté. Je le pris quand même et le payais plus tard, parce que sur le moment, je n'avais pas d'argent. C'était mon deuxième fusil.

A cette époque, il y avait aussi la fête du Sig au mois d'Octobre. Cette fête durait trois jours. Le soir on allait danser avec les copains jusqu'à 3 ou 4 heures du matin et ensuite avec René Garcia on allait à la chasse. Inutile de vous dire que j'étais fatigué et je mettais ça sur le compte de la cigarette. J'essayais de moins fumer.

Lorsque j'avais 18 ans, je réalisais mon idée de planter une pépinière d'oranges amères. J'achetais plusieurs kilos de ces oranges et après en avoir extrait tous les pépins, je les mis à sécher. Je préparais une douzaine de carrés de terrain et au mois d'Octobre, je les plantais. J'avais en tout plus de 2000 pieds d'orangers. C'était beau et je m'en occupais beaucoup, cependant, j'allais tous les jours au Sig remettre mes rapports au Syndicat des Eaux. J'y rencontrais Monsieur Périssol, il avait une belle voiture. Une Peugeot. Je n'avais jamais conduit, je n'avais donc pas de permis. L'envie me prit soudain de monter dans cette voiture et de conduire:

- "Monsieur Périssol, j'ai oublié des papiers chez moi au petit barrage. Ne voudriez vous pas me prêter votre voiture pour aller les chercher?"

- "Bien sûr."

Me voilà parti tout fier, dire bonjour à ma mère. Quand elle me vit arriver en voiture, ma mère écarquillait ses grands yeux sombres. Sans problème et tout content, je retournais au Sig rendre la voiture à Monsieur Périssol.

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